PUBLICATIONS – NOUVEAUTÉS
Quelles sont les relations entre photographie et artificial intelligence ?
De nombreuses publications traitent du sujet, devenu incontournable, des images produites par l’AI – artificial intelligence. En partant de leurs origines dans les années 1960, la revue Transbordeur consacre 140 pages aux questions soulevées par les images algorithmiques dans la perspective d’une archéologie des médias. Avec dix essais et un entretien, Transbordeur a pour but « d’offrir une perspective historique et critique sur ces phénomènes [liés aux nouvelles technologies de production d’images], et de proposer le cas échéant une critique du modèle économique et des cadres idéologiques qui les sous-tendent. » Toute la revue est parsemée d’œuvres plutôt humoristiques réalisées par le célèbre artiste suisse Thomas Hirschorn.
Deux essais sont déjà en libre accès (pdf) sur le net :
‘Photographies et algorithmes’, Transbordeur, n°9, 2025 : transbordeur.ch
Essayiste, critique et professeur de photographie à New York, Fred Ritchin s’interroge sur le futur de la photographie d’un point de vue déontologique, notamment autour des relations entre images, vérité et engagement. Dans son livre The Synthetic Eye, Ritchin traite de l’impact de l’AI sur la photographie sous l’angle éthique en questionnant nos perceptions du réel, de l’authenticité, de l’actuel et du possible. Dès les années 1980, Fred Ritchin s’est intéressé à l’impact du numérique sur la photographie, en particulier dans les médias, le photojournalisme et le documentaire (voir à ce propos son livre Au-delà de la photographie : le nouvel âge, Paris, Victoires éd., 2010). Dans The Synthetic Eye, il traite ainsi essentiellement des effets de la dite « quatrième révolution industrielle » dans la perspective d’une photographie attachée à la représentation du réel, donc non fictionnelle. Ce qui ne surprend pas de la part d’un auteur qui s’engage en faveur d’une meilleure justice sociale et des droits humains.
Disponible sur le site de l’éditeur :
Fred Ritchin, The Synthetic Eye. Photography Transformed in the Age of AI, Londres et New York, Thames & Hudson, 2025
Le livre de l’artiste et théoricienne britannique Joanna Zylinska, The Perception Machine, mêle théorie des médias, neurosciences, création et imagination. Son originalité est d’inclure des propositions artistiques réalisées par l’auteure, parfois en collaboration avec l’AI, et des concepts théoriques stimulants tels que eco-eco-punk, AUTO-FOTO-KINO ou micro-vision planétaire. Zylinska opte pour une approche socio-politique de la perception humaine afin d’analyser sa transformation par les machines et les images qui nous entourent.
Le titre du livre est lui-même une version hybride, un remix des notions théoriques proposées par Paul Virilio (La machine de vision, Paris, Galilée, 1988) et Vilém Flusser (Pour une philosophie de la photographie, Paris, Circé, 1996, paru en allemand en 1983). Zylinska s’inspire aussi des approches critiques, éco-féministes et décoloniales d’auteures et artistes telles que : Ariella Aïsha Azoulay, Donna Haraway, Ewa Majewska, Safia Noble, Griselda Pollock, Gayatri Chakravorty Spivak et Hito Steyerl.
Le but de l’auteure est plus précisément : « Exploring possibilities for making things better, the book is thus ultimately oriented toward activating the radical-critical potential of the distributed and embodied perception machine. To put it in more figurative terms, it is about photographing ourselves a better future – for human and nonhuman “us.” (p.15)
Ouvrage en libre accès (pdf) :
Quel est l’impact de l’AI – artificial intelligence sur la photographie contemporaine ?
Trois revues en anglais parues en 2024 traitent de ce thème avec des approches variées.
Aperture, n°257, hiver 2024, « Image Worlds to Come. Photography & AI » : aperture.org
FOAM, n°66, hiver 2024, « Missing Mirror. Photography through the lens of AI » : foam.org
Femmes – Violences
Aline Bovard Rudaz, Femmes – Violences, Superscripte n°1 – Textes sur la photographie contemporaine, Éditions du Centre de la photographie Genève, 2024.
« Qui sont ces photographes qui contribuent à l’édification d’une imagerie des violences faites aux femmes ? Ce texte examine l’augmentation du nombre de projets photographiques dénonçant les violences de genre depuis l’ère post-#MeToo. Les réseaux sociaux ont ravivé l’intérêt pour le féminisme, influant sur les représentations visuelles de la vie des femmes, y compris les images de violences sexistes et sexuelles. L’ouvrage aborde les dilemmes éthiques liés à la monstration d’images violentes et propose des stratégies alternatives de conscientisation, basées sur quinze projets réalisés par des femmes. Ce recueil souligne l’importance de reprendre le contrôle sur la représentation des femmes dans un but d’affirmation, d’empouvoirement, de soin et de lutte. »
Informations : centrephotogeneve.ch